Éloge de la lenteur
On ne peut faire plus simple qu’un sténopé : c’est une simple boite noire percée d’un trou minuscule…
Nous sommes ici aux racines mêmes de la discipline, la camera obscura, dans un retour aux fondements originels de l’image photographique.
Le sténopé exige de très longs temps de pose (parfois plus d’une demi-heure) pour que la lumière arrive à créer une image, nous sommes alors confrontés à une dimension nouvelle. À l’image couramment admise de l’instantanéité photographique succèdent un entassement, une stratification continue du temps. Apparait ainsi la notion déroutante de « la durée d’un instant » : un temps entassé, fondu en lui-même.
Lente maturation : observer, choisir au-delà du visible, penser l’image en train de se former lentement, imaginer le cadrage à venir (il n’y a pas de viseur sur un sténopé…), accomplir le rituel de l’installation du pied, de l’évaluation du temps à accorder à la lumière avant, enfin, d’ouvrir le volet sur le trou minuscule et s’abandonner au temps, puis attendre… pour, plus tard, découvrir au-delà ce qu’on avait imaginé, la trace de ce que l’on avait pressenti.
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